Les Naufragés de Malte-1

À Marsa, un des faubourgs de La Valette, ils sont des dizaines tous les matins à faire le pied de grue devant « Marsa Open Centre for Refugees ». L’attente peut être longue, et vaine. Ils attendent les camionnettes qui passeront chercher la main-d’oeuvre bon marché pour la journée.

Les plus chanceux travailleront dur, souvent dans le bâtiment, la restauration ou le gardiennage, pour 1 ou 1,50 Livre Maltaise (1LM=2,30Euro) par heure dans un pays ou le coût de la vie est proche de celui de la France. Les autres erreront un jour de plus, dans le centre ou sur l’île.

Ils viennent pour la plupart d’Afrique de l’Est; de Somalie, d’Ethiopie, d’Erythrée ou du Soudan mais de plus en plus arrivent de pays comme la République Démocratique du Congo, le Togo ou la Côte d’Ivoire... Tous ont traversé les déserts et la Méditerranée pour fuir leur pays et rejoindre l’Europe.

Tous sont partis des côtes Libyennes, où la traversée pour l’Italie ou la Sicile sur des embarcations inadaptées et pleines à craquer se négocie à plus de mille dollars. Pénuries d’essence, pannes de moteurs, tempêtes, gardes côtes, naufrages… Tous ont échoué involontairement à Malte, ce petit bout de cailloux poussiéreux entre la Sicile et la Tunisie.

Alors, s’il n’y a pas de travail ce jour-là ; à « Marsa Open center », l’un des centres pour réfugiés, il y a des lits, des télés, des billards, des murs sur lesquels s’asseoir pour regarder lentement passer le temps, du temps pour penser. Penser à cette île, qui ressemble à un bagne, aux déserts et aux mers que l’on à traversé, a ce qu’on a laissé au pays pour se retrouver à errer comme des fantômes aux portes de l’Europe, sur ce petit bout de rocher poussiéreux, perdu en plein milieu de la mer Méditerranée. Malte, Octobre 2007.